Théorie des ressources
La théorie des ressources émerge dans la seconde partie du 20ème siècle avec l’ouvrage d’Edith Penrose en 1959, The theory of the growth of the firm. Elle invite à dépasser l’approche économique traditionnelle en introduisant l’idée de « service » rendu par une ressource. Au-delà des facteurs de production classiques que sont le capital, le travail ou la terre, elle porte l’attention sur des éléments plus intangibles, fonction de la capacité des managers à extraire de la valeur à partir d’un ensemble de ressources. Birger Wernerfelt poursuit la réflexion en 1984 en cherchant à expliquer les différentiels de performance entre des entreprises qui opèrent dans un même contexte. Il avance la notion de « barrière de ressources ». Puis c’est en 1991 que Jay Barney formalise la théorie des ressources telle qu’elle est souvent exposée aujourd’hui. Les ressources qui sont de nature à fonder un avantage concurrentiel durable doivent satisfaire quatre critères dits « VRIN » : être source de Valeur sur le marché, Rares, difficilement Imitables et non Substituables.
Avis de l’Observatoire : la théorie des ressources s’est notamment développée en réaction aux développements proposés en matière de stratégie d’entreprise par les tenants d’une approche économique traditionnelle, en particulier les travaux de Michael Porter. Dans les années 80, ce dernier a en effet mis en avant l’importance de la structure d’un secteur et du positionnement des entreprises dans ce secteur (leur pouvoir de marché) pour expliquer les différentiels de performance. La théorie des ressources invite plutôt à braquer les projecteurs sur l’entreprise, à rentrer dans son organisation, pour comprendre ce qui peut être de nature à créer une différence dans le temps. Elle ne nie pas l’intérêt d’une analyse fine de l’environnement sectoriel d’une entreprise, mais s’intéresse davantage aux ressorts internes des processus de création et d’appropriation de valeur. La théorie des ressources réintroduit en cela une certaine créativité stratégique. Certaines organisations parviennent d’ailleurs parfois à changer les règles du jeu qu’elles auraient pu penser comme s’imposant à elles.