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Relire Ray Bradbury et se demander si notre monde, nos démocraties, le management, en sont arrivés l


Nous relisons une œuvre majeure de la science-fiction américaine. Fahrenheit 451 écrit par Ray Bradbury en 1953. 1953, c’est l’année du paroxysme de l’idéologie anti communiste aux Etats-Unis du sénateur Joseph McCarthy. Nous lisons l’un des protagonistes du livre, Beatty qui dit, dans un cynisme absolu au héros Montag (pompier dont le métier est de brûler les livres, qui dans un futur anticipé, sont prohibés) :

« Clic ? Ça y est ? Allez, on ouvre l’œil, vite, ça défile, ici, là, au trot, au galop, en haut, en bas, dedans, dehors, pourquoi, comment, qui, quoi, où, hein ? Hé ! Bang ! Paf ! Vlan, bing, bong, boum ! Condensés de condensés. Condensés de condensés de condensés. La politique ? Une colonne, deux phrases, un gros titre ! Et tout se volatilise ! La tête finit par vous tourner à un tel rythme sous le matraquage des éditeurs, diffuseurs, présentateurs, que la force centrifuge fait s’envoler toute pensée inutile, donc toute perte de temps ! (…)

La scolarité est écourtée, la discipline se relâche, la philosophie, l’histoire, les langues sont abandonnées, l’anglais et l’orthographe de plus en plus négligés, et finalement presque ignorés. On vit dans l’immédiat, seul le travail compte, le plaisir c’est pour après. Pourquoi apprendre quoi que ce soit quand il suffit d’appuyer sur des boutons, de faire fonctionner des commutateurs, de serrer des vis et des écrous ? ».

Nous pouvons nous interroger sur la vision de Ray Bradbury. L’auteur est visionnaire incontestablement (à moins qu’il ne décrive un mal récurrent de nos sociétés orientées par la recherche du « plus rapide », du « plus efficient »). Il décrit Twitter avant l’heure et probablement, sans en parler, il décrit une façon de faire du management aussi. Cette façon-là, elle est tournée vers le rapide, le bref et l’impatient. Elle prend la forme de Bullet points et de présentations PowerPoint quand elle pourrait prendre la forme de narrations, d’écrits longs, de temps de réflexion posée. Elle privilégie l’action à la pensée réfléchie (ce que montre au passage H. Mintzberg quand dés 1979, il montre que les activités du manager sont décousues, désarticulées et constamment changeantes). Au passage, elle fait disparaître la philosophie des programmes de management dans les universités et les business schools.

A méditer…

Bradbury, R. (1953), Fahrenheit 451 (Folio SF) (French Edition) Traduit de l’américain par Jacques Chambon et Henri Robillot

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