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Théorie des mouvements sociaux et organisations

  • H. Yousfi (Université Paris-Dauphine)
  • 24 oct. 2016
  • 2 min de lecture

Pendant longtemps, les organisations et les mouvements sociaux ont été perçus comme des phénomènes distincts entrainant un cloisonnement entre les recherches portant sur les organisations et celles étudiant les mouvements sociaux (Zald, 2008; De Bakker et al, 2013). Même si les deux disciplines s’intéressent toutes les deux aux mécanismes structurant l’action collective, elles se présentent dès le départ comme des « jumelles séparées à la naissance ». L’action collective dans le monde de l’organisation formalisée est souvent associée à la mise sous contrôle et à la soumission, et à l'ordre et la stabilité alors que l’action collective dans les mouvements sociaux est synonyme de surgissement, de fluidité, de désordre et d'absence de hiérarchie. A partir des années 1990, l’évolution rapide de l’environnement technologique et l’accélération des échanges transnationaux a changé aussi bien la nature des mouvements sociaux que celle des organisations, tout en réduisant les frontières entre les deux formes d'’action collective. En effet, les mouvements sociaux sont de plus en plus représentés par des organisations formelles, alors que les organisations ressemblent de plus en plus à des "mouvements" plutôt qu’à des entités stables et durables; un tel constat empirique a peu à peu imposé comme une évidence, l’intérêt d’un dialogue entre ces deux traditions. Les recherches à l’intersection des deux disciplines ont ainsi offert une intégration conceptuelle des dimensions à la fois politiques et culturelles qui a largement enrichi les théories relatives au changement organisationnel et institutionnel ; elles ont permis aussi une meilleure prise en compte des aspects organisationnels dans l’analyse du succès ou de l’échec des mouvements sociaux (Zald, Morrill et Rao, 2005).

Avis de l’Observatoire : Malgré l’importance des recherches actuelles qui se situent à l'intersection entre les théories des mouvements sociaux et les théories des organisations, il est juste de qualifier ce domaine de recherche comme un domaine encore relativement jeune. Son développement dépend, nous semble--t-il, de la capacité qu'auront les chercheurs à répondre à deux défis : le premier porte, sur leur capacité à adapter et à modifier les concepts utilisés dans chaque discipline afin de pouvoir les faire dialoguer, sachant que ces disciplines sont enracinées dans des imaginaires différents : les théories des mouvements sociaux largement ancrées dans un imaginaire d’engagement, de résistance et de défiance de l’autorité ; et les théories des organisations largement inspirées par des considérations d’efficacité économique, de contrôle et d’autorité ; le second repose sur la capacité que ce dialogue puisse permettre de comprendre un peu mieux ce monde mouvant dans lequel tant les mouvements sociaux que les organisations sont en constante évolution.

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